Thème 9 - archéologie du bâti
Responsables :
Florence Journot,
Maître de
conférence, Université Paris I Panthéon-Sorbonne, UMR 7041 – ArScAn «
Archéologies environnementales »
fjgb@wanadoo.fr
Philippe Mignot,
Archéologue, Direction de l'Archéologie du Ministère de la Région wallonne
P.Mignot@mrw.wallonie.be
Simon Bryant,
Institut National de Recherches Archéologiques Préventives, BRGM, 3 av. Cl.
Guillemin, 45060 Orléans La Source
simon.bryant@inrap.fr
Il est
considéré ici que l’« archéologie du bâti » s’articule avec l’analyse
stratigraphique des élévations comme l’archéologie avec la fouille. Ses
praticiens en développent actuellement la rentabilité et l’ambition
scientifiques, via une interdisciplinarité raisonnée.
Ainsi
en est-il de l’exploitation des ressources (bassin d’approvisionnement en
matériaux de construction), et plus largement du système industriel dont
relève la construction (cf. dans le thème « archéologie des techniques » les
liaisons entre énergie hydraulique, mécanismes, et évolution des principes de
la métallurgie).
L’organisation de ce thème peut s’articuler en trois sections, dont on ne
manquera pas de souligner les liens. Le bâti résulte d’une dialectique entre
transformation de matières premières en matériaux (section 6), et projet
réalisé en vue d’une certaine fonctionnalité (section 7) ; et les
scientifiques doivent rendre compte du tout (section 8).
Session 1 : Quand les
matières premières deviennent matériaux
De l’opportunisme de
l’exploitation des matériaux locaux à l’importation lointaine des produits.
1.1.
Quatre grandes catégories de matériaux
ressortent aujourd’hui :
●
La pierre : il serait intéressant ici de lier
analyses géologiques, études de débit des blocs de carrière, et modules des
pierres de construction.
●
Le bois : dendrologues, xylologues, mais
aussi paléobotanistes oeuvrent à restituer état et évolution des ressources en
bois (pratiques sylvicoles, traitement et exploitation des haies ou lisières)
qui infirment les généralités sur la « pénurie chronique ». Cette question
peut être liée avec les études de calibres (madriers, planches), via les modes
de débitage. Le bois a l’avantage de bénéficier des analyses
dendrochronologiques.
●
La terre-cuite, dite « architecturale » ; on
aimerait insister ici sur la très grande variété d’élaboration qui caractérise
ces produits (cf. par exemple l’émaillage). Appel est fait pour montrer
l’intérêt qu’il y aurait à faire bénéficier la terre-cuite des analyses
permettant la datation.
●
Emergent aussi grâce aux métallographes et
historiens des techniques les résultats concernant la métallurgie du fer,
passant par des produits semi-finis (barres, plaques) en vue de l’obtention :
d’éléments liés au
gros-oeuvre (crampons, agrafes, ceinturages, tirants...),
d’éléments liés aux
finitions (ferronnerie-serrurerie).
1.2.
Restent de nombreux matériaux a priori plus
discrets,
La
terre crue et séchée, le plâtre... qui ne sont pas liés exclusivement à des
constructions modestes ;
le verre de vitrerie ;
pour les métaux plomb (et
étain) et cuivre...
Place
devrait être faite aux matériaux composites : mortiers et enduits, et autres
revêtements protecteurs, isolants, étanchéificateurs ; composants de la
peinture...
Session
2 :
Réalisation, utilisation
Les techniques de
construction participent d’une structure conçue globalement, répondant à une
certaine fonctionnalité
De nouvelles
problématiques permettent aujourd’hui de sortir d’une conception trop actuelle
de l’« artiste », qui a longtemps enfermé nombre de productions médiévales et
modernes dans des catégories au mieux considérées comme « mineures », quand
elles n’ont pas été négligées et abandonnées à la destruction. Les catégories
stylistiques académiques « roman », « gothique », « Renaissance », se révèlent
aujourd’hui trop étroites, et il est temps maintenant de mieux raisonner les
variantes des ouvrages rassemblés sommairement sous les étiquettes «
vernaculaires », ou « traditionnels ».
2.1.
Evaluation des savoir-faire
●
Un nouveau regard sur les concepteurs :
aujourd’hui, pour l’architecture, c’est l’articulation entre maître d’oeuvre
et maître d’ouvrage qui est objet d’apports neufs. Il est souhaitable
d’ajouter, au-delà des études sur la maîtrise du gros-oeuvre, une réflexion
sur la maîtrise de l’intervention des différents corps de métier, jusqu’aux
finitions.
Le principe peut être
décliné pour toutes les catégories d’ouvrages bâtis, pour faire apparaître
l’articulation entre offre et demande, producteur et consommateur.
●
Les connaissances physico-mécaniques et
chimiques des bâtisseurs sont trop vite expédiées sous le terme d’« empirisme
» ; une explicitation de ce concept s’impose. Appel est fait en particulier
aux chercheurs qui ont travaillé avec des ingénieurs pour mieux évaluer l’«
expérience » médiévale ; aux résultats de l’archéologie expérimentale dans ce
domaine de la construction, et de l’ethno-archéologie.
●
Dans ce cadre pourraient être présentées les
recherches récentes montrant la subtilité des modes de montage par rapport aux
choix structurels, compte tenu des degrés d’élaboration très divers de la
construction ; cf. en particulier la stéréotomie de la pierre, du bois...
2.2.
Appréciation des savoir-vivre
Le bâti est conçu et
réalisé pour une efficacité fonctionnelle.
On insistera sur le bâti dans son ensemble,
avec espaces ouverts et dessertes. Il s’agit ici d’écarter les concepts
inopérants « public-privé » pour mieux cerner l’intervention de divers niveaux
de collectivité.
Session
3 : Procédures scientifiques : l’archéologie comme science humaine
●
Quand sont raisonnés aujourd’hui les modes
d’enregistrement, apparaît une certaine lucidité devant les dérives du
logicisme, et l’arbitraire de découpages qui ne satisfont que les
descripteurs. Ici sont attendues les réflexions quant aux critères de
désignation et modes d’analyse, qui au-delà de classements apparemment
commodes, permettent de découvrir l’humain producteur et usager des ouvrages.
●
Pour un langage scientifique commun :
vocabulaire et images.
Il est temps d’évoquer l’effort nécessaire
quant au vocabulaire normatif, et aux problèmes posés par son
internationalisation.
Une réflexion sur les
enjeux de la représentation imagée du bâti (plans, élévations, figures) est
également attendue.