Thème 8 -
archéologies
environnementales
Responsables :
Session 1 :
Archéologies environnementales
Joëlle Burnouf,
Professeure d’Archéologie Médievale,
Université Paris I – Panthéon-Sorbonne, UMR 7041 – ArScAn – Equipe S «
Archéologies environnementales »
joelle.burnouf@wanadoo.fr
Session 2 :
Les sociétés
médiévales et leurs milieux : pour une approche de la biodiversité historique
Corinne Beck
(UMR 7041-ArScAn-équipe "Archéologies
environnementales")
cbeck16@wanadoo.fr
Marie-Christine Marinval
(UMR 7041-ArScAn-équipe "Archéologies
environnementales")
m-c.marinval@wanadoo.fr
Session 3 :
Archéozoologie
- Medieval Zooarchaeology and Archaeozoology in Europe: the State of Research
and Future Directions
Aleks Pluskowski,
(McDonald Institute for Archaeological Research, University of Cambridge),
agp21@cam.ac.uk
Antonella Buglione, Dipartimento di Scienze
Umane, Università di Foggia
antoinette_it@yahoo.it
Giovanni de Venuto,
Department of Scienze Umane, University of
Foggia
giovannidevenuto@yahoo.it
Session 1 :
Archéologies environnementales
L’archéologie
environnementale est une des formes de la pratique de l’archéologie (comme
l’archéologie du bâti) qui adopte le parti de considérer que les sociétés dont
les historiens sédimentaires étudient les traces matérielles des cultures sont
en co-évolution constante avec les milieux où elles vivent, qu’elles
exploitent et transforment et qui met en oeuvre un dialogue interdisciplinaire
avec les sciences de la terre, de la vie et de l’atmosphère pour comprendre et
expliquer les différents états des systèmes socio-environnementaux au Moyen
Age.
Cette pratique de la
connaissance a d’abord été développée au niveau européen par les spécialistes
de la préhistoire dès le XIXe siècle, moment où l’archéologie des origines de
l’homme s’est développée de manière concomitante avec la géologie. C’est
surtout durant la deuxième moitié du XX e siècle qu’elle a commencé à se
développer pour l’archéologie médiévale. Les pays pionniers sont ceux de
l’Europe du Nord et du Nord-Ouest, en particulier les pays scandinaves, la
Hollande et l’Angleterre. En France comme dans la zone méditerranéenne ces
études se sont développées depuis vingt ans. Pendant longtemps, en France, le
seul chantier d’archéologie médiévale a avoir pratiqué des études
environnementales intégrées a été celui de Charavines (Isère-France).
Les archéologues
médiévistes oeuvrent, depuis de longues années, à une meilleure compréhension
des aspects environnementaux. Ils privilégient l’approche environnementale sur
des projets interdisciplinaires, avec des problématiques diachroniques de
longue durée et intégrant des recherches dans le champ des sciences de la
nature au sens large : sciences de la vie, sciences de la terre, sciences
sociales et humaines.
Les équipes d’archéologie réunissent
désormais de manière quasi systématique : des archéonaturalistes
(archéozoologues, archéobotanistes, géoarchéologues), des archéologues
(préhistoriens, antiquisants et médiévistes) et des historiens autour de
disciplines installées ou émergentes : histoire de l'environnement,
archéobotanique, archéozoologie, géoarchéologie, morphologie dynamique. Ces
approches construisent les voies d'une archéologie environnementale et d’une
archéogéographie historique, sur la base de l'élaboration commune de concepts
et de théories . Cette archéologie environnementale a une définition
transversale, qui transcende période et espace. Elle se définit aussi par la
pratique interdisciplinaire des participants. Les objectifs croisés sont :
caractériser les dynamiques des environnements et des paysages et leurs
transformations et étudier les pratiques d'aménagement, d'exploitation et de
gestion des milieux par les sociétés ;
Les archéologues des
périodes historiques travaillent sur les dynamiques des milieux en mettant en
oeuvre trois types de sources communes pour le Moyen Age : des sources
écrites, actes de la pratique ou corpus techniques lorsqu'ils existent
(arpenteurs, agronomes, anciens géographes) ; des sources archéologiques, des
sources planimétriques (représentations
cartographiques, photographiques de toutes natures). La conjugaison de ces
sources permet de réaliser des analyses à l'instar de ce que la géographie
fait pour l'actuel. Leur travail se fonde sur deux caractéristiques : la
première est que l'entrée des sociétés dans la construction de représentations
conscientes et transmises par l'archive fait évoluer la nature en milieux et
tout récemment en environnement. Certains théoriciens ont pour cette raison
dénommé "anthropocène" cette phase nouvelle et particulière qui s'est
définitivement ouverte avec les périodes « historiques ». Dans cette
perspective, l'environnement est un concept apparu à date très récente, parmi
d'autres comme la caractéristique spatialiste, la caractéristique paysagère,
ou encore de la caractéristique patrimoniale, etc. C'est la société actuelle
qui tend à faire de cette caractéristique une valeur dominante. La seconde est
que les sources ne permettent pas toujours de travailler à la reconstitution
historique périodisée, mais permettent en revanche de travailler sur la
mémoire transformée et transmise des milieux. Il y a là un saut important, en
effet, cela suppose d’admettre que les contours des études d’archéologies
environnementales sont « flous », que les périodisations sont différentes de
celles de chaque discipline en particulier, que les objets étudiés sont mal ou
pas aisément datables, alors qu’ils sont essentiels dans la mise en oeuvre des
processus de mémoire environnementale. Cela suppose d’admettre que les
systèmes sont auto-organisés ou encore résilients. En effet la temporalité
réelle des vestiges archéologiques est sans cesse récupérée par une pratique
de l'archéologie qui entend faire des objets archéologiques des vestiges de
sociétés passées déterminées, alors qu'ils sont le plus souvent des traces de
ce que deviennent les vestiges dans des contextes sans cesse changeants et
qu’ils ont été et sont sans cesse recyclés. Dans le champ de l'archéologie,
l'archéologie environnementale est un des plus anciens ponts
interdisciplinaires (Butzer, 1982), d'une part parce qu'elle a toujours été
une des préoccupations explicites des archéologues et parce que des
"spécialistes", ont, depuis longtemps, été associés de façon directe ou
indirecte.
Le cortège des
spécialistes des écofacts travaille sur les sources archéologiques,
c’est-à-dire sur des vestiges produits par les sociétés. Cette communauté de
chercheurs consacre une grande partie de ces études à l’acquisition des
données dans des programmes propres à chaque discipline (anthracologie,
palynologie, xylologie, dendrologie, archéozoologie, pédologie,
micromorphologie etc …). Il leur faut d’abord caractériser les composantes des
paysages (sols, flores, faunes) et documenter des indices par une approche
interdisciplinaire. C’est l’exploitation intégrée des données étudiées par
chaque discipline qui représente, une voie de recherche innovante et peu
explorée pour estimer notamment la synergie ou non entre les différentes
composantes du milieu et les sociétés et éviter les pièges des déterminismes
naturels ou sociétaux.
L’étude des relations
sociétés-milieux permet d’accéder à une véritable " écologie de
l’anthropisation ", de comprendre les conditions dans lesquelles le milieu
s’est transformé sous l’influence des sociétés, transformations indissociables
des événements naturels, plus on avance dans le temps.
Comment pratiquer et
concevoir la dimension environnementale ? comme la restitution d'une toile de
fond sur laquelle se déroulent des scénarios de l'histoire des sociétés
humaines ? plutôt en mettant en avant les concepts " d'human ecosystem"
(Butzer 1982) ou d'anthroposystème (Levêque 2003). C'est-à-dire en y intégrant
notamment, dans un processus de co-évolution, les dynamiques d'interactions,
les notions d'adaptation et de prises de décisions.
L'archéologie
environnementale se définit aussi par des pratiques disciplinaires hybrides
(archéo-botaniques, archéo-zoologie) au regard des disciplines mères dont
elles dérivent (botanique, zoologie). Ces disciplines hybrides ont construit
leurs techniques et méthodes d'analyse appropriées à leur objet d'étude
singulier. D'où une spécificité qui identifie cette archéologie par rapport
aux actualistes qui ne comprennent pas les échelles de temps auxquelles
travaillent les chercheurs et qui ont parfois du mal avec la notion de
processus et surtout avec celle de critique des sources, que les archéologues
partagent avec les historiens. Ils réfléchissent en effet sur
l'échantillonnage et sa représentativité car il n'existe pas de données
"brutes", la donnée est toujours produite par un sujet qui se situe dans un
espace- temps idéologique et qui se place à un temps t de la recherche.
Contrairement à ce que l'on voudrait nous faire croire, les données, même
quantitatives, ne sont pas des valeurs si pérennes, d'autant plus si elles
sont acquises par le biais d'instruments métrologiques. Elles ont une durée de
validité limitée, liée aux performances techniques et à l'état de la
recherche. L'exemple des datations absolues, si fréquentes en archéologie et
en archéologie environnementale, est intéressant par de multiples aspects,
entre autres parce que bon nombre de dates radiocarbone faites dans les années
70 ou 80 ne sont plus satisfaisantes aujourd'hui et en quoi elles inhibent la
possibilité de remise en cause de certaines interprétations ("on fait trop
confiance à la mesure") (Colloque C14, Lyon 2000). Donc la donnée est une
production dont la robustesse dépend évidemment du contexte de sa production,
et dont la durée est limitée dans le temps.
Session 2 : Les
sociétés médiévales et leurs milieux : pour une approche de la biodiversité
historique
Depuis une vingtaine
d’années, les archéologues médiévistes travaillent à une meilleure
compréhension des relations entretenues par les sociétés avec leur
environnement bio-physique. Plus que jamais, à l’heure où il est beaucoup
question de biodiversité (perte, érosion, crise, disparition irréversible
d’espèces), il paraît opportun de développer et renforcer cet axe de
recherches – « la biodiversité historique » - pensé comme l’étude, dans le
temps et l’espace, de la dynamique co-évolutive des systèmes sociaux et des
systèmes du vivant.
La présente session propose de réunir et de
confronter des expériences menées dans différents espaces géographiques
européens en mettant l’accent sur :
-
le problème
des sources et de leur traitement dans la perspective nécessairement
interdisciplinaire qu’implique la recherche environnementale : sources
archéologiques (qu’il s’agisse des restes animaux, des macro et micro-restes
végétaux ou encore de structures liées à l’exploitation de l’animal ou du
végétal) et sources d’archives (de la pratique, normatives, etc…). Les sources
mises en oeuvre demandent à être confrontées et à faire l’objet d’une mise en
perspective critique afin de définir la diversité biologique qu’il est
possible de restituer. Des difficultés méthodologiques se posent en effet,
notamment la question des référents spatiaux et temporels. Non seulement
chacun de ces corpus documentaires possède ses propres référents temporels et
spatiaux mais à l’intérieur de chacun d’eux s’observe une démultiplication de
ces référents. Ainsi au niveau des échelles spatiales, comment conjuguer le
passage d’une structure intra site (silo, habitation,…) à un quartier, au
site, à un ensemble géographique (massif forestier, bassin versant, région,…)
ou à un ensemble administratif plus étendu. Comment passer de ces données
d’ordre social à des informations d’ordre biologique et écologique ?
-
les bioindicateurs. Certaines espèces (animales ou végétales) sont
révélatrices d’un état du milieu et de changements climatiques, d’autres
d’aménagements anthropiques. L’inventaire des espèces fourni par les sources
peut permettre de restituer, au moins en partie, le cortége floristique et
faunistique présent sur un site. Les exigences trophiques requises par
certaines espèces induisent l’existence de certaines essences et de certaines
formes de couvert végétal.
-
les modalités des actions anthropiques. Les sociétés peuvent agir sur le
milieu par l’exploitation de certaines des ressources végétales de ce milieu,
par aménagement et transformation du paysage. Ce qui peut ainsi amener une
concurrence alimentaire entre espèces animales (sauvages/domestiques). Comment
les mises en cultures ou plus généralement les changements dans les modes
d’exploitation des sols ont généré l’introduction de nouvelles faunes,
l’élimination, le remplacement ou l’adaptation de celles existantes. Les
sociétés ont pu agir sur leur milieu par l’exploitation exclusive sous la
pression de la demande économique et sociale - c’est ainsi le cas de la carpe
tendant à éliminer les autres poissons d’eau douce- ou encore par élimination.
-
les échelles temporelles et spatiales auxquelles les effets anthropiques
peuvent se faire sentir sur la dynamique des populations en fonction également
de la plasticité des espèces, de leur pouvoir d’adaptation.
Ce sont là quelques uns des aspects autour
desquels la présente session s’articulera mais ils ne sont pas pour autant
exclusifs.
Session 3 :
Archéozoologie
- Medieval Zooarchaeology and Archaeozoology in Europe: the State of Research
and Future Directions
Research on animal remains
from medieval archaeological sites has significantly advanced our
understanding of human ecology in the past, however there is an impression of
an uneven balance in the quantity of research on faunal material from one
region of Europe to the next, and a limited knowledge of what sorts of
questions are being asked of the material in different countries. This
conference represents a rare opportunity to bring together zooarchaeologists
and archaeozoologists working with medieval contexts from across Europe in
order to gauge the current state of the discipline, compare approaches, data
sets and future directions. Papers are invited from any archaeologist working
with faunal material at any level, from post-graduate to post-doctoral.
The aim is to construct a
session with a broad diversity of approaches, and to represent as many
traditions of faunal analysis from across Europe as possible. Within this open
remit, the organisers particularly welcome papers focusing on comparative
approaches to urban and rural contexts, diverse environmental contexts,
similarities and differences between research in Northern and Southern Europe,
between Eastern and Western Europe, new methodologies, research strategies and
methods of integrating data at the inter-regional level. The hope of the
organisers is that this session will consolidate and stimulate interest in
European medieval zooarchaeology/archaeozoology for students and researchers
well into the future.