Thème 4 - Archéologie moderne et
comtemporaine
Responsable :
Session 1 et 2 :
Florence Journot,
Maître de conférence, Université Paris I Panthéon-Sorbonne, UMR 7041 – ArScAn
« Archéologies environnementales »
fjgb@wanadoo.fr
Pierre-Jean Trombetta,
SRA
Ile-de-France, Ministère de la Culture et de la Communication
pierre-jean.trombetta@culture.gouv.fr
Didier Dubant,
Chargé de
mission, Direction scientifique et technique, Institut National de Recherches
Archéologiques Préventives, 7 rue de Madrid - BP 177 - 75363 Paris cedex 08,
tél. 01 40 08 80 67 - fax 01 43 87 18 73, port. 06 74 97 77 06
didier.dubant@inrap.fr
Jean-Yves Dufour, INRAP, 32
rue Delizy - 93694 Pantin Cedex
jean-yves.dufour@inrap.fr
Session 3 :
Dr Fabienne Ravoire,
Inrap-UMR 5594, Dijon, Centre archéologique
de Passy
fabienne.ravoire@inrap.fr
Steven R. Pendery, Ph. D.,
Senior Archeologist, Northeast Region, National Park Service
steven_pendery@nps.gov
Il fut un temps où
l’archéologie moderne était prudemment affichée sous l’étiquette «
post-médiévale ». En France, ce n’est que récemment que l’archéologie moderne
a commencé à s’affirmer.
Dans ce
colloque on a choisi de développer dans chaque thème des applications aux
époques modernes (archéologie des techniques, archéologie du bâti) ; mais
cette session détachée voudrait explorer grâce à des expériences les plus
variées possible les conséquences sur nos définitions des sciences humaines
d’une extension de l’archéologie non seulement aux Temps modernes mais aussi
au monde contemporain.
Il faut
bien constater que la ruine, le mauvais état, l’obsolescence, la mise au
rebut, et encore moins l’enfouissement, ne sont plus aujourd’hui critères
exclusifs d’archéologicité. L’archéologie se retrouve en charge du monde
matériel, fabriqué, et il n’est aucune raison scientifiquement tenable pour
que cet objet soit limité chronologiquement à 1492 ou à 1800. Se pose dès lors
la question des relations de l’archéologie aux autres sciences de l’homme :
histoire de l’art, histoire, sociologie, ethnologie, anthropologie sociale...,
pour bâtir une interdisciplinarité fructueuse au-delà des querelles
corporatistes.
Session 1 :
Historiographie
Malgré de grands
précurseurs, l’archéologie moderne et contemporaine a peine à être reconnue en
France, autrement que comme anecdotique. Il serait bon de confronter dans
cette section son histoire et son devenir au sein de la vieille Europe comme
du Nouveau monde...
Session 2 : Archéologie
moderne et contemporaine et autres sciences de l’homme
Ne sont évoqués ici que
quelques exemples issus des expériences françaises. Sont attendues les
réflexions dans les domaines les plus divers.
●
Un regard neuf est porté aujourd’hui sur certains secteurs traditionnellement
réservés à l’histoire de l’art, comme la « grande » architecture moderne,
celle des châteaux d’architectes prestigieux. Hormis le constat plutôt courant
de la non coïncidence entre plans conservés et ouvrages réalisés, on peut
évoquer entre autres : la préparation du site d’implantation avant
construction, avec remodelage des micro-reliefs, les jardins, les aménagements
hydrauliques, les équipements comme les glacières, mais aussi de manière plus
inattendue les structures adventices qui adaptent très vite l’oeuvre d’art à
une fonctionnalité réclamée par les occupants, et qui va à l’encontre de
l’exigence très « monument historique » du dégagement des abords.
●
L’archéologie croise l’ethnographie sur les terres de la ruralité. Pour les
périodes récentes, la documentation écrite jointe aux données issues de la
fouille, de l’analyse stratigraphique d’élévations, des observations
micromorphologiques permettent d’identifier, dans leur évolution, les
structures associées aux habitations des exploitants, et qui peuvent en être
éloignées (exemple des bergeries) ; alors que les études morphologiques
permettent de préciser la variabilité des modes d’emprise sur les terroirs.
Les analyses en ensembles et réseaux ont ainsi permis d’affiner la
méthodologie, profitant à l’étude de périodes plus anciennes.
Du côté des habitats, à
l’heure où sont mis en vente des hameaux entiers, ou bien des quartiers de
centres villageois d’ancienne origine et depuis en transformation constante,
on voit émerger une deuxième génération d’habitats « désertés », mais promis à
réoccupation selon de nouvelles normes sociales. On aurait tort de considérer
que ces structures a priori banales n’ont rien à révéler par rapport à
d’autres types de sources ; elles peuvent faire efficacement l’objet d’études
archéologiques qui les intègrent en connaissance de cause dans le « patrimoine
».
●
Une dernière série d’exemples
peut être prise ici, qui a comme composante commune une part plus ou moins
importante de malheur. L’archéologie est depuis longtemps développée dans les
DOM-TOM français, et a en charge la matérialité d’aspects douloureux liés au
colonialisme, ou à l’esclavagisme. La guerre a aussi fait l’objet d’apports
archéologiques (fouilles de camps, inhumations), et tout particulièrement la
Grande guerre.
L’archéologie est à même
de poser des questions-clés face à une mémoire à vif et donc aux procédés de
commémoration.
Session 3 : Culture
matérielle : de l’objet à l’individu
« La vie matérielle, ce
sont des hommes et des choses, des choses et des hommes » (Braudel, 1979 :
15).
Il n’est pas inutile de
rappeler que le champ de la « culture matérielle », brillement développé par
l’historien Fernand Braudel dans son ouvrage Les structures du quotidien : le
possible et l’impossible a permis un autre questionnement sur la société que
celui directement lié aux structures politiques et économiques.
L’historiographie moderne a ainsi pris en compte la culture du quotidien dans
son champ d’investigation, en particulier par le développement de l’étude des
objets liés à des groupes sociaux différents, dans une perspective d’histoire
sociale ou anthropologique. En France, les chercheurs se sont surtout
intéressés aux objets dans la perspective d’une histoire de la vie privée
alors que les chercheurs anglo-saxons ont développé une véritable
anthropologie de la consommation.
L’archéologie des périodes
modernes et médiévales, en mettant au jour de grande quantité d’objets du
quotidien, à l’instar des historiens qui relèvent ces mêmes objets prisés par
les notaires dans les inventaires après décès, offre ainsi de nouvelles
perspectives de recherche particulièrement prometteuses. En effet, quand bien
même les inventaires se généralisent au XVIIIe s. , ils restent d’un usage
restreint avant cette période. L’archéologie permet au contraire d’aborder les
sensibilités culturelles, non plus seulement celles des élites, mais celles
des populations urbaines et rurales modestes, les plus nombreuses et pour
lesquelles on ne dispose au final que de peu de sources.
• Il ne sera donc pas
question ici d’une appréhension taxinomique de l’objet mais, on l’aura
compris, de l’ « objet » en tant que porteur de sens. Cette section a pour
vocation de mettre en évidence la manière dont les objets archéologiques,
vestiges matériels le plus souvent de peu de valeur marchande peuvent nous
renseigner sur les usages du quotidien, sur l’évolution des goûts et des modes
dans le cadre de la vie domestique, notamment dans les domaines de la table,
de l’hygiène et du chauffage, les plus sensibles aux évolutions du monde
moderne.
• Mais plus que les usages,
l’étude de ces objets doit nous renseigner sur le rôle social qu’ils ont pu
jouer à travers leur mode de consommation dans la construction des identités
et des valeurs sociales des élites comme des gens du commun.
• Les objets peuvent-ils
nous permettre de caractériser un type d’habitat, d’interpréter le
fonctionnement des espaces ?
• Il nous semble également
nécessaire d’aborder des aspects qui tiennent aux processus mêmes
d’acquisitions des objets : qui les fabriquent et pour qui. Quels sont les
liens entre des objets de fonctions similaires et de matières différentes ?
L’objet archéologique a-t-il un sens social ? Comment estimer sa valeur comme
bien de consommation. Au final, la question est de savoir si les objets
peuvent nous renseigner sur le statut social des utilisateurs.
• On cherchera également à
appréhender les décalages à la fois spatiaux, chronologiques et sociaux qui
peuvent exister entre la fabrication des objets et leur acquisition.
Pour les communications de cette section,
l’accent devra être porté sur :
- la qualité des contextes dans lesquels les
objets auront été quantifiés et analysés.
- l’analyse des modes d’acquisition des
objets et des circuits de distribution.
- les liens entre les sources textuelles
et/ou iconographiques et les sources archéologiques à propos d’une catégorie
d’objet.