Thème 3 - archéologie
des techniques
Responsables :
Danielle Arribet-Deroin
maître de conférences de l’Université Paris I
(histoire et archéologie des techniques médiévales et modernes)
Equipe d’histoire des techniques, Lamop-UMR
8589
arribet_deroin@yahoo.fr
Florian Téreygeol
chargé de recherches au CNRS
UMR 5060 Institut de Recherche sur les
archéomateriaux LMC et UMR 9956 LPS CEA-saclay
tereygeol@cea.fr
L’étude
des techniques du passé se prêtent particulièrement à l’approche archéologique
: à condition qu’on les interroge en ce sens, les vestiges matériels
témoignent toujours de la capacité des hommes à organiser leur milieu, à
utiliser les ressources de leur environnement proche ou lointain pour
construire les équipements ou les objets dont ils ont besoin.
Les archéologues, soucieux
de caractériser toujours plus finement les vestiges qu’ils étudient et amenés
à fouiller des lieux de travail et de production, s’interrogent depuis
longtemps sur les techniques de fabrication ou de construction, d’autant plus
que la période concernée est pauvre en documents écrits.
Pour
les historiens des techniques, habitués à lire les sources écrites et
iconographiques afin reconstituer leur évolution, le recours aux archives du
sol est devenu indispensable. En effet textes et images sont rares et peu
explicites avant la fin du Moyen Âge puis, alors que les techniques restent
peu décrites dans les actes de la pratique, celles qui sont exposées dans une
littérature spécialisée (traités techniques et théâtres de machines notamment)
sont à confronter avec les pratiques en usage et à lire à la lumière de la
connaissance actuelle des processus physico-chimiques. La fouille d’ateliers
et l’étude des objets, en relation étroite avec le laboratoire, permettent des
avancées essentielles sur ces questions.
Depuis
plus de 20 ans, l’archéologie des techniques médiévales et modernes, dans le
domaine pionnier des techniques minières et métallurgiques et des autres arts
du feu puis dans tous les autres, a connu un essor sans précédent. Cette
archéologie s’intéresse tout naturellement à la période moderne aussi bien
qu’à la période médiévale. Elle s’articule éventuellement avec l’archéologie
dite « industrielle » qui, dans sa pratique, se consacre essentiellement à des
vestiges en élévation d’époque assez récente. Elle offre une parenté de
méthodes et de résultats avec l’archéologie des techniques plus anciennes,
mais possède avec les sources écrites et figurées des relations toutes
particulières.
Voici
les principales directions (ou thèmes ou sections, groupés par demi journées)
autour desquelles pourraient se regrouper les communications avec des
approches, des problématiques et des grilles de lectures variées : études de
cas (sites de production ou ateliers ruraux et urbains, objets susceptibles
par leur matière, les traces d’outils, etc. de renseigner sur leur
fabrication) ; reconstitution des chaînes opératoires ; traditions techniques
propres à des espaces géographiques, innovations et transferts techniques ;
reconstitution des gestes, des savoir-faire et des savoirs, étude de leur
transmission.
Session 1 : Extraction
des produits du sous-sol
Mines et carrières sont
étudiées selon des méthodes mises au point depuis plusieurs décennies de
recherches archéologiques : topographie des espaces souterrains, prélèvement
et détermination des minerais et encaissants ou des roches, relations avec les
produits de la métallurgie ou avec les bâtiments construits en pierre. Le
dialogue est indispensable avec les nombreux écrits sur la mine à partir de
l’époque moderne, et avec les représentations de mines et de chantiers de
construction, notamment en ce qui concerne l’outillage.
Session 2 : Archéologie
des arts du feu
Les principaux arts du feu
bénéficient également d’un passé d’études archéologiques, qui aboutissent à
des résultats concernant le choix des matières premières, la typologie des
fours et l’organisation des ateliers, et la qualité des produits obtenus, en
relation avec l’évolution des moyens techniques.
Ainsi peuvent être
interrogés, pour la métallurgie, l’adoption de l’énergie hydraulique et la
mécanisation, les modalités d’adoption des grandes innovations de la fin du
Moyen Âge et de la fabrication de produits spécifiques (fers pour la
construction, fonte , etc.) ; pour l’industrie verrière, la question des
matières premières, de l’évolution des fours et des produits (verre plat
notamment) ; pour l’industrie céramique, la production de terres cuites
architecturales (briques, tuiles), la relation entre les choix techniques
(matières premières, fours, revêtements) et l’utilisation de la poterie en
terre.
Session 3 : Archéologie
de la fabrication des produits artisanaux
Les artisanats des
matériaux souples (cuir, textile) ou durs (bois, matière dure animale)
bénéficient d’une longue tradition mais aussi de nouveautés techniques,
notamment en relation avec la maîtrise de l’énergie hydraulique. Les
savoir-faire, parfois normalisés dans le cadre des métiers constitués,
évoluent cependant : ils maîtrisent des produits nouveaux (teintures, poudre à
canon, papier), adoptent une certaine mécanisation (filage et de tissage).
Section 4 : Archéologie navale (et des moyens
de transport terrestres ?)
L’étude archéologique des
épaves permettent de connaître les modes de fabrication des navires : la forme
des pièces et l’ordre de montage de la coque aboutissent à déterminer quelle
est le principe et la méthode de construction. Chaque épave est l’occasion
d’affiner la connaissance des différentes traditions de construction navale en
fonction de l’espace maritime ou du bassin fluvial et de la période concernée.
Dans le cas de la batellerie, ces traditions sont à mettre en relation avec
les aménagements des cours d’eau.
Section 5 : Archéologie des techniques
hydrauliques
Le Moyen Âge et l’époque
moderne se caractérisent notamment par l’emploi courant de l’énergie
hydraulique et par la maîtrise des cours d’eau à des fins diverses et parfois
concurrentes (transports, flottage, pêche). Les aménagements des rivières et
des canaux, le drainage des marais et la construction d’étangs, l’installation
de moulins bladiers et de moulins « industriels » ont laissé de nombreux
vestiges matériels et ont modifié durablement l’environnement.
Ces travaux d’envergure
peuvent être étudiés sur les sites de monastères, de châteaux et de leur
jardin, et dans un cadre urbain.
Toutes ces études peuvent
donner lieu à l’emploi d’approches particulières, qui ressortissent soit de la
confrontation avec d’autres sources, soit de la conjugaison d’approches
différentes, soit de moyens particuliers pour analyser la qualité et la
facture des produits et déchets, décrire et quantifier les processus :
- l’archéologie expérimentale, très
fructueuse et aujourd’hui indispensable
- l’utilisation des méthodes de laboratoire
pour reconstituer le mode de fabrication d’un produit ou d’un objet
- la confrontation avec les savoirs
traditionnels encore observables en Europe ou hors d’Europe
(ethnoarchéologie)
- la confrontation entre fouille et
archéologie « industrielle » qui n’est autre que la conjonction entre
l’archéologie du sol et l’archéologie du bâti des anciennes manufactures ou
usines
- l’interrogation mutuelle des sources sur
les sites bien documentés par l’écrit, l’image et le terrain.
Ces approches, éventuellement associées à une
réflexion méthodologique, pourront le cas échéant donner lieu à une direction
(ou thème ou section) intitulée « méthodologie ».
Par le biais de l’extraction ou de la
fabrication de matériaux de construction et de leur mise en oeuvre sur les
chantiers, l’archéologie des techniques a des rapports étroits avec
l’archéologie du bâti, notamment dans sa section 1.